En 2016, l’Université de Strasbourg a adopté le langage visuel.
Il vise à rendre notre université plus lisible grâce à la création d’outils graphiques et numériques mis à disposition de l’ensemble de la communauté universitaire.

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Foisonnant de formations, ressources humaines, matérielles et immatérielles, l’université est une institution complexe, à la fois unique et multiple. Forte de ses 56 000étudiants, 5 900personnels, 35 composantes (facultés, écoles et instituts), 5 000 intervenants professionnels extérieurs, 24 bibliothèques, 70laboratoires et 39services, elle regroupe nombre d’entités, de disciplines et de connaissances où les savoirs se côtoient et se ↔ relient ↔.

Chacun de ces ensembles s’exprime par un langage particulier : signalétiques, affiches, dépliants, ainsi qu’une multitude de logotypes, produisant l’effet d’une vaste diversité graphique et typographique.

Cette hétérogénéité fait la richesse de notre université, mais contribue également à la rendre peu lisible et reconnaissable. Les informations, éparses et inaccessibles, sont brouillées par des acronymes, abréviations, sigles, etc. Autant de codes AACSB AAEMS  | AASU | ACCRA | ADE | ADT | AENES | AERES | AFS | AFSA | AHU | ALL | ANR | APE | API | APN | APOGEE | APT | ARCHE | ArchiMedE | ARIA | ARN | ASH | ASI | ASI | ASU | ATER | ATRF... qui rythment notre quotidien et ne permettent ni une correcte compréhension, ni une vision d’ensemble.

Chaque signe opère individuellement, sans jamais exprimer son appartenance à l’Université de Strasbourg, ni réellement rendre compte de la spécificité des entités qu’il pourrait exprimer. Cette véritable misère symbolique est un comble pour une université dont la mission est l’élaboration, la transmission et la diffusion du savoir ! Comment donner une cohérence à la complexité de l’institution universitaire, sans pour autant gommer les particularités des entités qui la composent  ? Comment rendre compte de la pluralité qui fait la richesse de notre université ?

Le langage visuel est construit sur un rapport de complémentarité entre, d’une part, la vie universitaire et, d’autre part, le savoir.
Pour écrire et représenter la vie universitaire, une nouvelle police de caractères, l’Unistra, a été spécialement dessinée en versions Bold, Regular et Italique A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z Æ Œ Q u . : ; ! ? & # $ ¢ £ ¤ ¥ € * a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z æ œ À Á Â Ã Ä Å Æ È É Ê Ë Ì Í Ï Ð Ñ Ò Ó Ô Õ Ö Ù Û Ý 1 2 3 4 56 7 8 9 0 ? µ π ( ) [ ] { } @ © ® · • ← ↑ → ↓ ? ? ? ?.

À cela s’ajoutent de nombreuses variantes de lettres dont le dessin s’ancre dans la culture visuelle contemporaine, tout en faisant écho à la très riche histoire de la typographie locale.

L’Unistra est complétée par une gamme de pictogrammes, dessinés selon les mêmes principes et répondant aux nombreux besoins du contexte universitaire.

Pour écrire le savoir, c’est-à-dire tout ce qui a trait aux connaissances produites et transmises par la communauté universitaire, le système est enrichi par une typographie existante, la Brill. Créée pour la maison d’édition éponyme, la Brill a été spécifiquement conçue pour l’écriture de textes scientifiques.
Intéressante par sa qualité de dessin, sa couverture des langues latines, grecques, cyrilliques, de l’alphabet phonétique international, des symboles divers et mathématiques, elle se prête parfaitement à la mise en forme de textes académiques sur l’ensemble de nos disciplines. Libre de droit pour un usage non-commercial, elle s’inscrit dans une volonté d’ouverture qui traduit l’esprit du projet. L’expression du savoir au sein de ce langage visuel se prolonge par ailleurs avec des contenus multiples et spécifiques, choisis par chaque entité (images, mots, notions, formules, équations, schémas-concepts).

Pour réellement dépasser le stade réducteur des logotypes, le langage visuel prévoit pour chaque entité une signature évolutive, se présentant sous une forme condensée ou déployée en fonction des usages et des besoins. Les acronymes sont systématiquement explicités et les mots-clés de l’intitulé sont en gras. Chaque signature précise la nature de l’entité par une mention toujours apparente. Ces signatures, contextuelles et polyvalentes, visent à exprimer la singularité des structures par le texte en Brill, l’iconographie, la couleur, l’ajout de pictogrammes et le jeu des cadrages. Le système distingue les services et directions, auxquels sont associés des pictogrammes, des composantes et des laboratoires, qui héritent quant à eux des signes existants. Les cadres permettent par ailleurs d’illustrer des relations entre entités, mais aussi d’introduire différents niveaux de lecture.

Basée sur le même principe, l’université s’affranchit des courbes bleues de l’ancien logotype pour adopter une signature modulable, qui se déploie pleinement au travers du jeu de la typographie Unistra et des lignes colorées.

L'ensemble des éléments de ce système (typographies, pictogrammes, signatures, gabarits de mise en page, etc.) sont mis à disposition de la communauté universitaire dans cette boîte à outil en ligne.

Cartographier, c’est aussi rendre compte des savoirs qui se mélangent, se croisent, fusionnent, se multiplient dans des espaces de convergences interdisciplinaires. 
La culture du logotype, soumise à la logique commerciale de la marque, a envahi l’espace public. Ayant pour fonction première la seule visibilité, elle n’est pas en mesure d’exprimer les singularités et les synergies qui traversent et structurent les savoirs produits à l’université. Face à ce constat, le langage visuel de l’Université de Strasbourg offre une alternative aux identités visuelles figées et abstraites habituellement conçues pour ce type d’institutions. Cette recherche-action a abouti à un design d’information contextuel, à la fois fonctionnel et poétique, qui se traduit par des formes de représentation démocratiquement exprimables, civiquement appropriables.
Il s’agit d’écrire autrement l’identité de l’université, de refléter sa diversité à travers un langage visuel unique et protéiforme, de passer d’un logo d’appartenance banal et autoritaire, à un langage visuel relationnel et évolutif.

Ce travail est le fruit de la recherche-action Identités complexes, Initiative d’excellence | IdEx, mené par la Faculté des arts en collaboration avec le Service de la communication (janvier 2015 - septembre 2016).